Raphaël Mythe + Ivy Riska

C'était un jour parfaitement banal.

Il était à peine dix heures du matin et Vésén était déjà surplombée d'un soleil brûlant. Une chape de plomb s'était abattue sur la ville et les rues véséennes étaient désertes. Quelques habitués partageaient oeufs et bacon dans les saloons. À l'extérieur, un seul : Raphaël.

Ce matin-là, il avait trouvé son meilleur ami et presque frère dans un semi-coma après une expédition visiblement musclée dans les profondeurs du lac véséen. Un riche collectionneur avait en effet demandé à son ami de trouver un soi-disant trésor qui dormait dans les profondeurs du lac depuis plusieurs centaines d'années. La chasse aux trésors, quoiqu'improbable, avait enthousiasmé les deux compères. Mais du coup, un matin sur deux, Raphaël trouvait Élias en piteux état.

Or ce jour-ci, il manquait à Raphaël une potion pour remettre son ami sur pied. Se maudissant de son manque de prévoyance, il était donc sorti de chez lui en coup de vent, direction la première herboristerie qu'il croiserait. Sa maison était légèrement excentrée par rapport au centre de Vésén, mais malgré tout moins loin que tous les immenses ranchs qui ceinturaient la ville. En un quart d'heure de course à pied, Raphaël était arrivé ; il sentait quelques gouttes de sueur ruisseler dans son dos.

La fraîcheur de la boutique lui fit beaucoup de bien. Il salua la pharmacienne qui le remarqua à peine, affairée à écraser dans l'arrière-boutique une sorte de pierre précieuse. Raphaël détaillait les rayonnages quand une autre personne entra dans la boutique. Une Woltarienne, en fait, au pelage extrêmement clair. Raph la salua d'un signe de tête et revint à sa recherche. Potion revitalisante, crème contre les griffures, mixture pour effacer les cicatrices, toutes sortes de bandages... La vie à Vésén n'était pas tendre. Enfin, il mit la main sur sa potion, et releva la tête. L'inconnu détaillait également les produits pharmaceutiques, et pour cela elle avait légèrement baissé sa grosse paire de lunettes noires. Raphaël ouvrit la bouche, secoué.

La chanteuse de Paradoxe... !, souffla-t-il, les yeux ronds.

[HRP : Hello ! Désolée pour le retard, j'ai un projet piano avec un autre de mes wolts qui me prend beaucoup de temps...
Comme tu peux le voir, j'ai envie d'action ! J'espère que ça te plaira... ]


Entrant enfin dans la boutique d'herboristerie la plus prêt de chez elle, Ivy sembla pousser un léger soupir de soulagement. Au même moment, elle aperçut une frimousse bleue masculine dépasser du rayonnage en face d'elle, lui adressant un signe de politesse, auquel elle ne jugea pas utile de répondre.

Ensuite, elle se dirigea lentement vers le même étalage que lui, boitillant doucement de sa jambe gauche, revêtue par son pantalon noir. Elle ne sembla trouver aucune difficulté à ce qu'elle cherchait, et s'empressa de les rassembler : du désinfectant en grande bouteille, des antalgiques, des bandages et de la crème - beaucoup de crème - cicatrisante.

D'un pas pressé, elle regagna la caisse, déposa le tout sur la table et s'enquit de sortir quelques woltz pour régler.

La seconde d'après, deux woltariens cagoulés pénétraient en bombe dans l'établissement, brandissant leurs armes blanches tout en se ruant près d'elle en hurlant :

- TOUT LE MONDE ASSIS CONTRE LE MUR ! ET PLUS VITE QUE CA !

Un vent de panique déferla dans le petit magasin et tout le monde ou presque obéit, même les autres herboristes qui se trouvaient dans l'arrière-boutique, sauf la petite caissière et Ivy, dont l'une semblait figée de terreur et l'autre exaspérée par la situation.

Discrètement, la woltarienne aussi blanche que la neige tâtonna la poche gauche de sa veste en cuir noir, se rendant compte qu'elle avait oublié ses couteaux de lancés dans son autre veste déchirée, qu'elle avait troqué en repassant plus tôt par chez elle ce matin même. Elle grimaça à peine ; elle n'avait jamais eu une corpulence adaptée pour faire le poids lors de combats aux corps-à-corps. Néanmoins, elle resta totalement impassible, et immobile, la longue lame du fugitif pointée près de sa tempe.

- Toi, tu vas sagement nous donner tout ton stock de p'tites pillules magiques à base de champis et toi, tu fais comme tout l'monde et tu vas t'assoir avec les autres là-bas !!

- J'vais pas aller m'assoir avec les autres, j'ai besoin de ça maintenant, expliqua-t-elle en attendant toujours que la petite caissière effrayée et aphone ne l'encaisse.

Vexé, le woltarien éloigna sa lame d'elle et se rapprocha, comme pour tenter de l'attraper par le bras et la soumettre par la force à ses dires.

Comprenant ses intentions, elle ajouta sur un ton faussement calme :

- Je ferais vraiment pas ça si j'étais toi.

Encore plus vexé par ses propos, il choisit d'ignorer sa petite menace et la saisit fermement par le bras, déclenchant en elle une vague de violence à une vitesse considérable qui l'amena à répondre par pur réflexe, sans même avoir eu le temps de songer au préalable à tout ce que cela allait impliquer par la suite.

Instinctivement, Ivy s'empara donc de la bouteille d'alcool sur le comptoir et la fracassa contre le crâne du woltarien, qui lâcha aussitôt sa prise, sonné, avant de recevoir un violent coup très bien placé en plein sur sa pomme d'Adam, lui coupant ainsi soudainement la respiration. Sauvagement incontrôlable, elle lui sauta dessus de tout son maigre poids, à la manière d'une krenouille, pour tenter de le faire basculer au sol avec elle, ses doigts fermement enserrés autour de sa gorge, bien décidée à finir de l'étrangler.

L'autre voleur, surpris par la tournure de la situation, mit quelques secondes avant de réagir à son tour.

[HRP : désolée pour le retard ! Ça y est je suis en vacances on peut y aller. :3 Je te rappelle ton message précédent ; par contre ne décide pas de ce que mon personnage fait ou ne fait pas s'il te plaît. ]

La scène était absurde. Dix heures du matin, deux misérables clients dans une herboristerie de quartier et deux braqueurs débarquaient ? Qu'espéraient-ils ?

- TOUT LE MONDE ASSIS CONTRE LE MUR ! ET PLUS VITE QUE CA !

Raphaël éclata de rire. Ils étaient littéralement deux dans le magasin. Tandis qu'Ivy, la chanteuse que Raphaël avait reconnue, était aux prises avec l'un des malfrats, l'autre s'approcha de Raph.

- T'as pas entendu c'qu'on a dit ? T'as envie d'rigoler ? Le jeune Woltarien sentit l'adrénaline bouillonner dans ses veines. Mais pas la peur. Sur les deux clients du magasin, aucun n'était allé s'asseoir, et seule une commerçante sur deux s'était assise, tant bien que mal, contre le mur, tremblant de tous ses membres. Raph' jeta un regard dédaigneux sur le couteau que tenait le bandit de seconde classe.

- Eh, ton couteau ? Il est même pas affûté. Et dans un bel ensemble, tandis qu'Ivy abattait sur le crâne de son agresseur une bouteille d'alcool, Raph allongea un coup de poing au Woltarien cagoulé de toute la force de sa détente. Il s'écroula, et Raphaël vérifia rapidement sa patte, égratignée sous la force de l'impact. Il eut une moue approbatrice avant de dérober au voleur son minable petit couteau, l'immobilisant au sol.

Il avait peu souvent l'occasion de faire étalage d'une telle démonstration de force : sa patience et son calme étaient autant de qualités dans l'apprentissage des arts martiaux et dissimulaient une personnalité qui pouvait se montrer extrêmement violente. Il éprouva un plaisir, à peine dissimulé, à accentuer sa clé de bras afin de voir le Woltarien gémir de souffrance ; mais son côté raisonnable prit le dessus, et il redevint le Raphaël bienveillant que tout le monde connaissait.

Il jeta un coup d'oeil du côté de sa compagne de lutte : avait-elle fini de terrasser son adversaire ?